Geisha _ Arthur Golden

geisha
geisha

Résumé

A neuf ans, dans le Japon d’avant la Seconde Guerre mondiale, Sayuri est vendue par son père, un modeste pêcheur, à une maison de plaisir de Kyoto. Dotée d’extraordinaires yeux bleus, la petite fille comprend vite qu’il faut mettre à profit la chance qui est la sienne. Elle se plie avec docilité à l’initiation difficile qui en fera une vraie geisha.

Art de la toilette et de la coiffure, rituel du thé, science du chant, de la danse et de l’amour : Sayuri va peu a peu se hisser au rang des geishas les plus convoitées de la ville. Les riches, les puissants se disputeront ses faveurs. Elle triomphera des pièges que lui tend la haine d’une rivale. Elle rencontrera finalement l’amour…

Mon ressenti

Geisha, femme asservie

Geisha est un roman qui nous plonge dans le Japon des années 30, celui où les Geishas envoûtaient les hommes les plus puissants et riches du pays. Mais à quel prix ? Bien souvent, ces femmes entretenues avaient été vendues par leur famille, alors qu’elles étaient encore très jeunes (l’âge rituel était de 3 ans et 3 jours). C’était alors une vie d’esclave qui les attendait. Une vie sans le droit à la liberté. Elles devaient obéir aux ordres de leur Okusan (Mère) qui les avaient achetées. Dès lors, les futures Geishas (si elles arrivaient jusque là), avaient contracté une dette, à leur insu, envers leur patronne. Et si elles ne devenaient pas geishas pour diverses raisons (un enlaidissement, un manque d’obéissance …) elles devenaient alors servantes pour cette même personne. Les okusan considéraient avoir fait un investissement et devaient être remboursées telles des maquerelles.

Dans Geisha, nous suivons donc l’histoire de Chiyo (Sayuri de son nom de Geisha), vendue par son père à une Okyia, dans la région de Kyoto. Elle devra durant les premières années se plier aux ordres de sa Mère, mais Chiyo ne l’entend pas ainsi, et tente de s’enfuir. Une jeune fille qui s’enfuit est alors considérée comme un mauvais investissement, et la Mère décide donc d’arrêter d’éduquer Chiyo à devenir Geisha.

C’est une rencontre qui changera la vie de cette jeune fille, et qui la décidera à devenir Geisha à tout prix. La rencontre d’un homme qui aura su s’intéresser à cette fille alors qu’elle pleurait dans la rue. Un homme qu’elle ne cessera de chercher à retrouver et à séduire.

Le monde des Geishas

Au delà de l’aspect du trafic d’êtres humains, nous découvrons dans ce roman tout l’univers de ces dames de compagnie. Les geishas étaient avant tout des artistes. Elles se produisaient dans des maisons de thé, dansaient, chantaient, servaient le thé selon un rituel très précis. Les plus convoitées étaient alors « parrainées » par un Danna. Un homme, bien souvent marié, qui subvenait aux besoins de la geisha, lui faisait des présents (des kimonos notamment).

La geisha et son danna se lient au cours d’une cérémonie analogue au san san ku do. Autrefois, la notion de danna impliquait que la geisha ait des relations sexuelles avec son protecteur. Le danna était souvent choisi par l’okiya en fonction de sa richesse et de son prestige (source). Certains hommes fortunés enchérissaient même sur le mizuage de la geisha : la perte de sa virginité.

Pas étonnant que la geisha et la prostituée soient bien souvent confondues. La geisha de Arthur Golden se considère comme femme entretenue. Et au Japon, la différence entre une prostituée et une Geisha se voyait à sa tenue. Chacune vêtue d’un kimono, la geisha portait son obi (sorte de noeud) dans le dos. La prostituée, quant à elle, le portait sur le devant, pour pouvoir le remettre et l’enlever plus facilement.

Un récit difficile et poignant

Même si ce roman est envoûtant et passionnant, il n’en reste pas moins difficile à lire. Difficile car il provoque des sentiments très forts. Injustice, horreur, dégoût, indignation. Fillette vendue, asservie, enfermée, offerte aux plus riches et aux plus perver. Fillette dont l’avenir tout tracé est décidé par d’autres. Il est alors difficile de ne pas s’indigner face à ce cruel destin.

Les sentiments ressentis sont forts car dans notre société occidentale où les femmes sont globalement libres, il est difficile d’imaginer qu’on puisse nous forcer à nous asservir de la sorte. Les geishas existent toujours aujourd’hui, j’ose imaginer que leur condition diffère de celle des années 30.

C’est un roman qui m’a fascinée car j’ai découvert la vie si particulière de ces femmes. Mais il m’a aussi indignée, par la froideur et la cruauté envers ces enfants qui n’avaient rien demandé.

Note : 4 sur 5.

Mes challenges

Cette lecture m’a permis de valider le challenge « J » du mois de janvier. Livre qui se déroule dans un pays commençant par la lettre J.

Elle m’a également permis de valider la catégorie 99 du challenge annuel. Lire un best-seller.

3 commentaire

  1. Les geishas d’aujourd’hui et d’hier représentent le raffinement de la culture et des traditions japonaises . Il y a un site Vivrelejapon.com dédié au Japon. Il y a un article sur le métier de geisha si cela t’intéresse :
    https://www.vivrelejapon.com/a-savoir/comprendre-le-japon/metier-geisha

    1. Oui, c’est vrai aussi que ces Geishas, au japon, représente le raffinement. Le livre d’Arthur Golden montre certainement l’envers du décor.

  2. Un récit très fort, à la fois superbe, atroce et bouleversant. Merci pour ta chronique, tu en parles merveilleusement bien 🙂

Laisser un commentaire