Résumé
Placé à l’Aide sociale à l’enfance dès son plus jeune âge, Skander est un garçon curieux de tout, passionné par la lecture. Mais son destin bascule lorsqu’il atterrit à Courseine, en banlieue parisienne, chez la redoutable Madame Khadija. Les conditions ne sont pas idéales. Au collège, il est entraîné malgré lui par les jeunes du Grand Quartier, qui abolissent sa boussole morale. La rue devient son royaume, et l’éloigne chaque jour davantage de ses rêves d’enfant…
Mon ressenti
Je ne connaissais pas Mokhtar Amoudi avant que ce roman me soit offert par les éditions Folio. Mais je comprends pourquoi ce roman a reçu le Goncourt des détenus. J’ai lu ce livre d’un trait, avec un mélange de tendresse, de colère et parfois d’inconfort. Ce n’est pas un roman qui caresse dans le sens du poil. C’est brut, vif, parfois dur, mais toujours juste.
Skander est un gamin de banlieue. Fils d’une mère absente, prostituée et toxico, il est pris en charge très tôt par l’Aide sociale à l’enfance. Il commence son parcours chez Tatie Nicole, dans un foyer aimant, où il découvre les mots, le dictionnaire, les livres. Il est curieux, intelligent, attaché à Jessica, une autre enfant placée. Mais ce semblant d’équilibre s’effondre brutalement à la mort de Nicole.
Le fait que Skander lui même porte le récit m’a vraiment plu car cela lui donne beaucoup de réalisme. Et ça l’est encore plus lorsqu’on sait que l’auteur s’est inspiré de sa propre vie. D’abord enfant, avec sa naïveté, ses réflexions spontanées, ses mots parfois maladroits. Puis ado, plus désabusé, plus conscient. Il ne cherche pas à s’excuser, il raconte, c’est tout. Avec ses premières fois : premières bastons, premières gardes à vue, premières désillusions. Mais aussi ses premières prises de conscience, son envie de devenir avocat, sa lutte pour échapper au sort qu’on a prévu pour lui.
C’est un roman qui parle de l’enfance fracassée, de la banlieue qu’on juge trop vite, du système de placement qui dysfonctionne parfois. Un récit social, oui, mais sans lourdeur. Ce n’est pas une démonstration. C’est une vie, simplement. Une vie cabossée, mais pleine de volonté.
Même si le rythme s’est légèrement essoufflé au milieu du roman, j’ai vite été rattrapée par l’attachement que j’ai développé pour ce garçon pas comme les autres. Skander n’est pas forcément sympathique, il ne cherche pas à plaire. Et c’est peut-être pour ça qu’il touche autant.
Ce roman ne sera pas un coup de coeur, mais il restera gravé dans ma mémoire. Une lecture qui secoue et interroge, portée par un garçon qui a grandi là où on ne rêve pas, mais où l’on survit.
Mes challenges
Cette lecture m’a permis de valider la catégorie du challenge mensuel. Auteur écrit en jaune.