La librairie de la place aux herbes

Résumé

La librairie de la place aux Herbes à Uzés est à vendre!

Nathalie saisit l’occasion de changer de vie et de réaliser son rêve. Devenue passeuse de livres, elle raconte les histoires de ses clients en même temps que la sienne et partage ses coups de cœur littéraires.

Elle se fait tour à tour confidente, guide, médiatrice… De Cloé la jeune fille qui prend son envol,à Bastien, parti à la recherche de son père,en passant par Tarik, le soldat rescapé que la guerre a meutri, et tant d’autres encore, tous vont trouver des réponses à leurs questions.

Laissez-vous emporter par ces histoires tendres, drôles ou tragiques qui souvent résonnent avec les nôtres.

Quand les livres inspirent et aident à mieux vivre..

Mon ressenti

Pour les amoureux des livres

C’est assez merveilleux de voir des enfants allongés sur le ventre sur leur lit, appliqués et consciencieux, le doigt sur la page, relevant la tête avec fierté à la fin de la page comme si chaque fois c’était un nouvel Everest qu avait été vaincu.

Dans La librairie de la place aux herbes, Eric de Kermel nous fait voyager au coeur des livres. Ce livre est à mettre entre les mains de tous les amoureux de la littérature, qu’elle soit classique ou contemporaine. Eric de Kermel ne boude aucun genre et au travers de petites tranches de vie, nous fait découvrir des livres en rapport avec la vie des personnages rencontrés.

Chaque chapitre est consacré à un personnage en particulier que la libraire, Nathalie, rencontre dans sa librairie. Nous commençons avec Cloé, jeune adolescente, dont la mère ne lui fait lire que des classiques. Il y a aussi Jacques, promeneur solitaire de passage à Uzès. Il y a également Leila, jeune femme analphabète qui aura la fierté d’apprendre à lire. Nous faisons ainsi la connaissance d’une dizaine de personnes, toutes différentes.

L’amour des livres se ressent tout au long du roman et je peine à croire qu’un amoureux des livres n’appréciera pas cette lecture. Je prends rarement le temps de m’arrêter pour noter une citation (cela m’est tout de même arrivé récemment avec Leila Slimani). Lorsque j’ai refermé ce bouquin, il était parsemé de post-its à divers endroits. J’ai aimé la vision de l’auteur, même si je n’étais pas toujours d’accord avec lui.

Littérature classique ou contemporaine ?

L’auteur nous livre sa vision de la littérature. Ainsi, selon lui, imposer des oeuvres dites classiques aux plus jeunes n’a pas forcément de sens. Il faut avant tout leur donner le goût de lire, en leur proposant des lectures qui les touchent, les impliquent, les transportent. L’auteur ne semble pas convaincu qu’il faille en passer par les grands auteurs pour commencer.

Dans certains établissements scolaires, comme dans certaines familles, la littérature s’est arrêtée à la fin du XIXè. Stendhal, Balzac, Hugo et consorts ont pris une telle place qu’ils sont considérés comme un péage intellectuel obligatoire pour l’apprenti lecteur.

Il en va de même pour l’initiation artistique, comme s’il fallait avoir apprécié la peinture flamande, les romantiques et les impressionnistes pour enfin aimer la peinture contemporaine. […]

Pour des jeunes, il est tellement plus évident d’aimer des artistes qui vont avec leur temps que de commencer par de l’archéologie littéraire pour faire naître une émotion.

Au travers du regard de Nathalie, l’auteur reconnaît être un peu radical, mais il faut aussi reconnaître que pour apprécier la lecture, le passage par la littérature classique n’est pas forcément un pré-requis. Notamment pour les jeunes lecteurs. De nombreux auteurs contemporains sauront marquer les coeurs des apprentis lecteurs. D’ailleurs, bien souvent, nous apprécions bien plus une oeuvre classique lorsque nous sommes plus âgés. Notre maturité, notre vécu nous aident à mieux appréhender certaines oeuvres.

Pour autant l’auteur ne refuse pas les classiques. J’ai adoré lire les passages où il nous donne envie de nous plonger dans un roman de Hugo ou de Proust. L’auteur aime toute la littérature, classique et contemporaine, la poésie ou le théâtre.

Tout un été avec Proust… Tout un été où j’ai vu Nathan goûtant avec délectation les pensées mélancoliques de l’auteur, se nourrissant des dialogues de Swann, acceptant, au fil des phrases interminables de l’auteur, de prendre le temps d’être infusé par les mots. […]

A la recherche du temps perdu a cette richesse, cette amplitude, cette profondeur qui emporte dans ses flots toute la pensée humaine la plus intime.

J’ai aimé la vision que l’auteur a de la littérature. Ainsi, il ne se prive pas de nous dire que si un livre est barbant, ce n’est pas un crime de l’abandonner au bout d’une cinquantaine de pages. Qu’aimer lire c’est avant tout se découvrir au travers d’une oeuvre.

Un questionnement constant

L’auteur nous fait nous interroger sur ce qu’est réellement la littérature. Faut-il obligatoirement passer par la lecture de classique pour être considéré comme un vrai lecteur ? La littérature contemporaine a-t-elle sa place parmi les plus grands ? La lecture sur liseuse est-elle similaire à la lecture sur papier ?

Je crois à la très grande importance de la sensualité de l’objet. Le lecteur qui va passer plusieurs heures au contact du papier doit avoir du plaisir; celui de la page que l’on frotte entre deux doigts avant de la tourner, de la couverture que l’on caresse comme de la soie […].

Je m’interroge aussi sur les mots qui naissent d’un écrivain tapant sur son clavier, ou dont l’encre trace son chemin sur le papier, parfois glissante, creusant son sillon ou l’effleurant à peine. […] Hugo, Stendhal ou Lamartine auraient-ils écrit la même chose sur un clavier ?

Tout le roman est une succession de questionnements, dont l’auteur nous propose, au travers des yeux de sa libraire, sa vision. Une succession de questionnements, de recommandations de livres (j’ai découvert de nombreux titres que je souhaite désormais lire), de tranches de vie. Un livre poétique, très agréable à lire. Il n’y a pas réellement d’histoire, juste des rencontres entre cette libraire et ses lecteurs.

C’est vraiment une lecture qui restera gravée en moi. Et, chose qui m’arrive très rarement, je pense que je le relirai dans quelques temps. Cette lecture sort de l’ordinaire. J’ai aimé la plume de l’auteur, j’ai aimé ses conseils de lecture, j’ai aimé sa vision de la littérature. Bravo Mr De Kermel.

Note : 5 sur 5.

Petit plus, à la fin de l’ouvrage, chaque livre cité est répertorié, associé à chaque personnage rencontré.

Mes challenges

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie 75 du challenge annuel. Une couverture sur laquelle on peut voir un livre.

3 commentaire

  1. Je l’ai lu il y a quelque temps déjà et je ne me souviens de rien, juste un vague souvenir en te lisant.
    On continue, aujourd’hui encore, à dégoûter de la lecture. A l’école, je ne lisais que ce qui était obligatoire, point barre. Je ne trouvais plus de joie dans la lecture !

    1. J’ai rarement été déçue par mes lectures à l’école, sauf Le faucon déniché en CM2 (pourtant, un très bon livre) et La princesse de Clèves en Seconde.

  2. […] Entre la journée Nettoyons la nature et la Journée sans voiture, le mois de septembre nous invite à réfléchir à la question de l’écologie. Je lirai donc Mon coeur contre la terre d’Eric de Kermel. C’est un auteur pour qui la question de l’écologie est essentielle. J’avais adoré et dévoré La librairie de la place aux herbes. […]

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