Mamie Luger _ Benoît Philippon

Résumé

Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. Mamie Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée, mais il sent qu’il va falloir creuser. Et pas qu’un peu.

Mon ressenti

Une mamie pas comme les autres

Pourquoi Berthe, une mamie de 102 ans, chaussée de ses charentaises, est-elle interrogée par l’inspecteur Ventura ? Car la mamie en question, avec son sonotone et ses bas en coton, a canardé son voisin. Pour sauver les fesses de Roy et Guillemette, le couple en cavale du roman précédent, Cabossé. Et lorsque la police est arrivée, ça ne l’a pas arrêtée. Et elle les a accueilli avec son Luger, volé à un nazi. Son signe particulier : son franc-parler et son langage sans filtre. Ah, ça la vieille, elle sait parler. Bien comme il faut. Et elle te tutoie du flic. Et elle lui invente des surnoms. Tu sens bien qu’elle est pas sortie de la haute bourgeoisie, la mémé. Et pour le coup, c’est ultra rafraîchissant.

Donc, Mamie Luger a tiré sur les flics et doit maintenant répondre des ses actes. Pourquoi est-elle venue en aide à ce couple de hors de la loi ? Car ce couple, dont Roy a tué le mari violent de Guillemette, lui rappelle sa propre vie. Une vie haute en couleurs et pas toujours gaie. Et voilà que, enfermée au commissariat, la vieille déballe sa vie. Et ses crimes. Ses nombreux crimes. Une tueuse en série. Et son dernier date de ses 98 ans. En pleine forme, la mémé !

Un roman noir

Alors que ce qui ressort des critiques c’est le côté humoristique, ce qui m’a le plus marquée, c’est la noirceur du roman. Certes, cette noirceur est contrebalancée par les répliques cinglantes de Berthe. Mais il n’en reste pas moins que l’histoire qui se cache derrière est loin d’être gaie. Elle est même vachement glauque !

Autant, lorsqu’elle parle avec Ventura (Lino de son surnom, évidemment), les textes sont délurés, comiques et il n’est pas rare de décrocher un fou-rire suite à une parole de Berthe. Mais dès lors qu’elle commence à raconter sa vie, on replonge dans l’horreur qu’elle a vécu. Mariée trois ou quatre fois. Les maris ont tous été tués par Berthe, sauf le dernier. S’pas sa faute ! Mais pourquoi a-t-elle trucidé ses maris la vieille folle ? Parce qu’aucun deux ne lui montrait du respect. Juste bonne à ouvrir les cuisses et obéir à ces messieurs. Et Berthe, bah elle aimait pas. Elle voulait un mari qui l’aime, qui la considère un minimum autrement qu’un bout de viande.

Dons, sous ses airs de tueuse en série, Mamie Luger est une féministe avant gardiste qui a décidé de régler le problème de manière assez originale. Son premier meurtre : un nazi. Il voulait la violer, elle n’était pas d’accord. Elle l’a tué à coup de pelle et a récupéré son Luger. Ses meurtres suivants : ses maris. Entre temps, Berthe rencontre l’amour. Un américain. Noir. Ca ne plait pas. Pas du tout. A une époque où le racisme ne se cache pas. Son grand amour mourra, mais pas des mains de Berthe. Elle se vengera, évidemment, en tuant à son tour les responsables.

Son dernier meurtre : un inspecteur des impots qui se souciait de savoir pourquoi elle avait changé si souvent de nom de famille. Quand on tue ses maris, il faut se débrouiller pour que ça ne se voit pas, les déclarer morts ou disparus. Ca lui retombe dessus à l’aube de son centenaire. Pas grave. Un coup de Luger et on n’en parle plus.

C’est un roman qui m’a beaucoup plus plu que le premier. Même si ce que je reprochais à Cabossé est toujours présent dans ce deuxième livre, ça l’est beaucoup moins. L’histoire est plus recherchée même si elle finit par être redondante. C’est donc parti pour la lecture de Joueuse, dans le cadre du prix des lecteurs 2021.

Note : 3.5 sur 5.

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