Avant les années terribles _ Victor Del Arbol

Résumé

Arrivé à Barcelone encore adolescent, Isaïe a lutté d’arrache-pied pour gagner son droit au bonheur. Il s’apprête à connaître les joies de la paternité et pense avoir tourné le dos pour toujours à une Afrique féroce qui embrigade des enfants. Quand il reconnaît, dans l’embrasure de la porte de son atelier, un ancien camarade (ou plutôt frère d’armes), il perçoit d’instinct que sa paisible existence vient de voler en éclats.

L’émissaire exerce désormais des fonctions officielles, et Isaïe se laisse convaincre de retourner en Ouganda afin de participer à une conférence sur la réconciliation nationale. Pour retrouver sa femme, enlevée quelques jours après qu’ils ont atterri à Kampala, il devra à nouveau tromper, tuer et trahir. Plonger encore au cœur des ténèbres, au risque comme Kunz de s’y perdre, « d’aimer l’obscurité, entrée dans ses veines ».

L’homme d’aujourd’hui doit apprendre à pardonner à l’enfant d’hier, celui des années terribles. Mais Isaïe est à présent l’appât chargé de faire sortir du bois les anciens leaders de l’Armée de résistance du Seigneur de Joseph Kony, qui fomentent un coup d’Etat depuis le Congo voisin. Il lui faudra choisir non pas entre le bien et le mal mais entre le mal et le pire, et savoir si l’on peut être victime sans être innocent.

Mon ressenti

Victor Del Arbol aborde ici un thème très fort. Il nous livre un texte éprouvant et déroutant. Nous découvrons Isaïe, un ougandais devenu espagnol. Il habite à Barcelone et s’apprête à devenir père.Lorsqu’une vieille connaissance vient le voir et lui demande de rentrer au pays pour y parler de son expérience, il refuse d’abord. Isaïe souhaite oublier ces années terribles.Puis, il en parle à sa compagne. Il lui confie des éléments de sa vie passée dont il n’avait jusqu’ici jamais osé parler. Car en Ouganda, Isaïe est loin d’avoir mené une vie parfaite. Et savoir que cette histoire est tirée de faits réels glace le sang.

Quelques jours après son arrivée en Ouganda, des membres de la LRA enlèvent sa femme. L’armée de Résistance du Seigneur, mouvement chrétien en rebellion contre le gouvernement Ougandais. Grâce à une alternance des chapitres entre le passé et le présent, Victor del Arbol nous présente la terrible vie des enfants soldats formés par la LRA. Isaïe a été l’un d’entre eux. Il a notamment été chasseur. Les chasseurs de la LRA devaient trouver et pourchasser les albinos. Ces derniers étant considérés par la LRA comme des êtres maléfiques.

Les enfants soldats formés par ce groupe terroriste ont vécu les pires atrocités. Dans le meilleur des cas, ils ont été arrachés à leur famille. Dans le pire des cas, ona décimé leur famille et les enfants n’ont eu d’autres choix que de survivre au sein de ce groupe. Violés, torturés, mutilés, ils ont ensuite été asservis à la cause de Joseph Kony, le chef de la LRA.

Au travers de ce roman, Victor del Arbol lève le voile sur l’Ouganda, pays meurtri, victime de guérilla d’une violence inouïe dont on ne parle que trop peu. Mais il aborde aussi la culpabilité que peuvent ressentir désormais ces enfants devenus grands, à qui on a appris à tuer alors qu’ils n’étaient alors que victime. Le personnage d’Isaïe oscille entre deux sentiments. L’injustice et la culpabilité. L’injustice de ce qui lui est arrivé. La culpabilité d’avoir dû tuer pour survivre.

C’est un livre difficile à lire, très difficile. Non pas que l’écriture soit complexe, mais le sujet est tellement lourd qu’il est difficile d’enchaîner les pages. Le simple fait de savoir que des enfants ont réellement vécu de telles horreurs fait froid dans le dos. L’écriture de Victor des Arbol est puissante, on ne ressort pas indemne d’une telle lecture.

Avant les années terribles est un roman d’une grande qualité, dont le thème est très éprouvant. Ce fut une lecture très instructive, mais je ne lirai pas ce genre de romans tous les jours.

Note : 3.5 sur 5.

Mes challenges

J’ai tout d’abord lu ce livre dans le cadre du club de lecture proposé sur le groupe la Tête dans les livres. Une fois par mois, nous nous réunissons via Zoom pour parler de nos lectures. Soit une lecture commune, soit un thème ou un auteur en commun. En octobre, notre thème était l’Afrique.

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie 69 du challenge annuel de Linda. Lire une histoire basée sur des faits réels.

4 commentaire

  1. Je ne connais pas du tout ! Je n’ai jamais vu cette couverture !

    1. Il est sorti cette année en septembre, donc c’est normal 🙂

  2. […] Cette narration m’a obligée à lire ce roman lorsque j’étais fraiche, le matin, car le soir avec la fatigue de la journée, je finissais par m’y perdre et ne plus rien comprendre. C’est dommage, même si ça n’enlève en rien à la qualité d’écriture. Certains passages sont un peu plus longs que d’autres, alors que certains sont vraiment passionnants. J’ai notamment beaucoup aimé celui autour de Fatima Diop ou encore le témoignage de Musimbwa qui m’a fait penser au roman de Victor del Arbol, Avant les années terribles. […]

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