Rouge Tango _ Charles Aubert

Résumé

Rouge Tango

Niels Hogan s’est retiré loin du monde, dans une cabane de pêcheurs, au cœur d’un Sud encore sauvage. Quarantenaire bourru, il n’a que peu d’amis : son voisin Vieux Bob, pêcheur lui aussi, la fille de Bob, la détonante Lizzie, et le jeune geek Malik. Alors, quand ce dernier est porté disparu, il n’en faut pas plus pour que notre héros ordinaire reprenne du service.

Mon ressenti

Enquête autour de la pègre

Après avoir lu avec grand plaisir le premier opus de Charles Aubert, Bleu Calypso, c’est avec délectation que j’ai retrouvé son personnage bougon, Niels. Et j’ai pris encore plus de plaisir à lire ce tome-ci, pourtant un peu plus noir.

Malik, l’ami qui a développé son site de vente de leurres, a disparu. Plus aucune trace de lui, hormis un peu de sang et des traces de lutte dans son appartement. Alors, quand un corps est retrouvé dans sa cabane de pêcheur, Niels et ses amis craignent pour la vie de leur camarade. Il lui est arrivé quelque chose, et il faut le retrouver à tout prix. Mais est-il encore vivant ? Rien n’est moins sûr quand son ami gendarme Malkovitch découvre que le cadavre découvert appartient à un membre de la pègre marseillaise. Et encore moins sûr lorsqu’on apprend que les traces ADN retrouvées sur les lieux du crime appartiennent à Rolex, un tueur à gages qui avait disparu de la circulation depuis cinq ans.

Avec Lizzie et Alex, Niels ne peut s’empêcher de plonger la tête la première pour retrouver leur ami. Et évidemment, avec la mafia qui rôde, ils vont se mettre en danger. Mais pourquoi Malik a-t-il été cherché par la clique marseillaise ?

Le calme, la nature, la vie

Malgré l’apparition non moins surprenante de la mafia et de sa violence et criminalité, le roman se déroule toujours dans l’univers paisible d’un étang salin près de Montpellier. Nous retrouvons des paysages loin de la ville et de la vie citadine, des paysages calmes et sereins. Le début de chaque chapitre par un Haiku donne à l’ensemble un souffle apaisant. Chaque Haiku a été choisi avec soin, pour décrire en 3 vers et 17 syllabes l’instant présent.

J’aimerais renaître

Si c’était possible

Aussi modeste qu’une violette

Sôseki

La plume de l’auteur est subtile. Elle restitue avec justesse les couleurs et les changements des eaux, du ciel, de la faune et de la flore. Charles Aubert réussit à transmettre son amour pour la beauté des éléments sauvages. Ces descriptions Nature writing, comme disent les américains, viennent détonner avec le rythme de l’enquête, les coups de feu et les meurtres. Elles permettent un équilibre parfait entre méditation et précipitation. La contemplation de ces éléments naturels et de la douceur qui en découle et la vivacité nécessaire à la survie des personnages.

Fût-ce en mille éclats

Elle est toujours là

La lune dans l’eau

Ueda Chôshû

Niels, un personnage plus approfondi

Ce que j’ai le plus apprécié dans ce roman n’est pas forcément l’enquête, qui peut paraître peu plausible dès lors qu’il s’agit de personnes lambdas. Mais le personnage de Niels est tellement attachant et tellement drôle, qu’on passe rapidement outre le fait que c’est un cinquantenaire bedonnant qui mène l’enquête. Les pointes d’humour sont nombreuses, notamment concernant l’âge avancé de Niels et ses conditions physiques amenuies (son dos lui pose pas mal de soucis, et ce ne sont pas les massages de Lizzie qui semblent y faire quelque chose). Mais sous couvert d’humour, l’auteur nous propose aussi un personnage plus travaillé qu’auparavant. Un personnage un poil plus sombre, mais pas trop, avec ses états d’âme et questionnements sur la vie.

[…] je me suis fait la réflexion que j’avais de la chance d’avoir des amis aussi fidèles. C’était quelque chose d’assez nouveau pour moi finalement, l’amitié. J’avais bien quelques amis du temps de mon enfance […], il m’arrivait de m’envoyer des verres avec certains et même de me marrer avec d’autres. Ça n’allait jamais au-delà de la bonne camaraderie. […] Pas doué pour l’amitié et pas beaucoup plus pour l’amour. J’avais connu des aventures sans lendemain et une seule histoire que j’avais essayé de conjuguer au futur. Mais l’imparfait me semblait être alors le seul temps de l’amour. C’est ainsi que je poussais ma vie jusqu’au jour où j’ai débarqué dans ce coin du sud de la France.

C’est donc une enquête certes, mais aussi une introspection du personnage de Niels qui évolue, grandit, progresse dans un monde auquel il n’était pas habitué. Il a troqué sa solitude contre un peu de compagnie. Et un personnage loin d’être anodin va faire son apparition. Il poussera Niels à remettre certaines de ses idées en question, légèrement aidé par Lizzie, ayant vécu une expérience similaire.

C’est donc avec grand plaisir que j’ai lu ce deuxième tome des aventures de Niels. L’enquête est intéressante, l’évolution des personnages également. Il me tarde de lire le troisième, Vert Samba.

Note : 4 sur 5.

Mes challenges

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie 2 du challenge mensuel. Un titre écrit en jaune.

4 commentaire

  1. Même si j’ai bien aimé celui-ci, j’ai quand même préféré le premier, ce qui n’a pas eu l’air de plaire à l’auteur !

    1. Oh, je ne savais pas que tu les avais lus. Après recherche sur ton blog, j’ai vu que Charles Aubert t’a vivement remercé sur Bleu Calypso, mais je n’ai vu aucun commentaire de sa part sur Rouge Tango, d’autant plus que ton avis n’est pas méchant.

  2. […] de Charles Aubert. J’avais fortement apprécié ses deux premiers livres, Bleu Calypso et Rouge Tango. Dans chacun de ses romans, nous suivons Niels qui a tout laissé tomber pour aller fabriquer des […]

  3. […] Et pour un autre avis, non moins élogieux, je vous invite à aller lire la chronique SeriaLectrice en cliquant ici. […]

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