Elle a trente ans, elle est professeur, mariée à un « cadre », mère de deux enfants. Elle habite un appartement agréable. Pourtant, c’est une femme gelée. C’est-à-dire que, comme des milliers d’autres femmes, elle a senti l’élan, la curiosité, toute une force heureuse présente en elle se figer au fil des jours entre les courses, le dîner à préparer, le bain des enfants, son travail d’enseignante. Tout ce que l’on dit être la condition « normale » d’une femme.

Dans La Femme gelée, Annie Ernaux mêle subtilement réflexions sur la condition féminine et évocation d’une époque révolue. Dès les premières lignes, on ressent la puissance du regard de l’autrice scrutant les méandres du conditionnement féminin. À travers son récit, elle dévoile avec une clairvoyance troublante comment une jeune fille se retrouve peu à peu engluée dans les filets d’un schéma social oppressant, malgré des idéaux d’égalité. On la voit, cette jeune femme des années 60, jongler entre les discours féministes et les attentes sociétales. Elle va alors se retrouver confinée dans le rôle stéréotypé de mère au foyer, tout en étant éduquée dans l’idée de l’égalité des sexes.

Le style de l’autrice surprend et séduit. En effet, les mots frappent, bousculent. Dans cette prose vive et fiévreuse, Ernaux capture l’essence même d’une époque où les aspirations des femmes se heurtaient aux barrières du patriarcat. Pourtant, malgré la noirceur des constats dressés, une lueur d’espoir perce à travers les lignes. Car nous, lecteurs du futur, savons que cette « Femme gelée » parviendra à s’extirper des carcans imposés par la société. Elle deviendra une figure marquante de son temps, défiant les attentes sociales pour s’ériger en icône de la lutte pour l’égalité des sexes. Allant jusqu’à gagner le prix Nobel de Littérature.

À travers cette autobiographie, Annie Ernaux esquisse une fresque saisissante de la condition féminine au XXe siècle. Elle dissèque avec une précision chirurgicale les étapes cruciales de l’évolution d’une femme, de l’enfance à l’âge adulte.

En refermant ce livre, on réalise que, bien que les époques aient changé, de nombreuses questions soulevées par Ernaux demeurent d’une brûlante actualité. L’inégalité persistante entre hommes et femmes dans de nombreux domaines de la vie quotidienne résonne encore avec force.

La Femme gelée est donc bien plus qu’un simple récit autobiographique. C’est en effet un cri de révolte, un appel à la libération des carcans imposés par la société patriarcale. Et à travers les mots d’Annie Ernaux, résonne l’écho d’une lutte encore inachevée pour l’égalité des sexes.

Note : 4 sur 5.

Un énorme bravo à Elsa Lepoivre qui a lu ce texte et a su lui donner vie. Une actrice/lectrice très talentueuse. J’ai adoré l’écouter !

Merci à Ecoutez lire et NetGalley pour ce Service de Presse.

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie du challenge mensuel. Quatrième avec un mot de la famille de Travail.

1 commentaire

  1. Les écrits de cette auteure sont controversés. Je ne sais pas si je la lirai un jour…

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