Résumé
Un chant céleste
You Sipo, qui était arrivée au village des monts Balou en chantant un air d’opéra, est désormais silencieuse. Elle a trop à faire pour élever seule ses quatre enfants, victimes d’un mal mystérieux.
Yan Lianke retrouve la puissance du chant qui éclatait dans Les jours, les mois, les années, pour conter l’histoire profondément poignante d’une mère prête à donner sa vie pour sauver ses enfants de la maladie.
C’est un conte mystérieux et déchirant sur l’amour maternel, écrit dans une langue qui a la senteur amère des graminées sauvages, tumultueuse comme l’eau qui court, opulente comme un champ de maïs d’automne gorgé de lumière.
Tout y est improbable, pourtant tout y est vrai, terriblement vrai.
Mon ressenti
Un conte
Un chant céleste est un conte assez particulier qui relate l’histoire d’une mère qui n’a mis au monde que des enfants « idiots ». Idiots, c’est ainsi qu’ils sont nommés dans ce livre. Il paraît que c’est génétique et que ça saute une génération. C’est le père qui a transmis ce gène. Le jour où il s’en rend compte, il préfère quitter ce monde plutôt que voir ses enfants grandir avec ce mal mystérieux. You Sipo doit donc s’occuper seule de ses trois filles et de son garçon. Magré leur handicap, elle a réussi à marier les deux premières. Mais pas à n’importe qui. Un « gens complet » n’aurait jamais accepté un mariage avec une « idiote ». Mais le jour où sa dernière fille lui demande à son tour d’être mariée, elle demande à l’être avec une personne « entière », sans handicap. Sa mère va alors chercher un homme qui accepterait une telle proposition.
Un peu de fantastique
C’est un conte tellement étrange. Les enfants n’ont pas de nom. Ils sont toujours nommés : « la première », « la seconde », « la troisième » etc… Ils sont textuellement traités d’idiots. L’auteur n’y va pas par quatre chemins, il fait bien comprendre à son lecteur qu’on ne peut tirer grand chose de ces quatre enfants. Jusqu’au jour où un sorte de sorcier parle à la mère d’un étrange remède. Il lui faudrait faire boire à ses enfants une décoction d’os humain. D’os humain de la famille, si possible. S’en suit alors une histoire sans queue ni-tête.
En plus de cela, la mère voit le fantôme de son mari, lui parle, l’engueule (pourquoi l’a-t-il laissée seule gérer ce problème ?). Ce fantôme est d’ailleurs assez particulier, car si elle semble être la seule à le voir (les autres la prennent pour folle à parler seule), il réussit malgré tout intéragir avec le monde des vivants.
Et étrangement, malgré cette histoire assez loufoque et un brin fantastique, ce conte se lit. Facilement. Il est même agréable à lire. L’écriture est très poétique. Il nous relate quelques croyances populaires de la campagne chinoise. Et les paysages décrits y sont magnifiques. Un conte humoristique parfois, notamment lorsque cette mère engueule son mari. Les dialogues entre ces deux-là sont drôles et émouvants.
Je ne pariais pas grand chose sur ce livre dont je trouve d’ailleurs la couverture horriblement moche. C’est finalement une agréable découverte.
Mes challenges
Cette lecture m’a permis de valider un challenge du groupe La tête dans les livres. Lire un auteur en Y.
Je ne connais pas du tout et je ne sais pas trop si ça pourrait me plaire…