Résumé
Orpheline et pauvre, Mary Yellan n’a pas d’autre ressource que de quitter le pays de son enfance pour aller vivre chez sa tante, mariée à un aubergiste, sur une côte désolée de l’Atlantique. Dès son arrivée à l’Auberge de la Jamaïque, Mary soupçonne de terrifiants mystères.
Cette tante qu’elle a connue jeune et gaie n’est plus qu’une malheureuse, terrorisée par Joss, son époux, un ivrogne menaçant, qui enjoint à Mary de ne pas poser de questions sur les visiteurs de l’auberge. Auberge dans laquelle, d’ailleurs, aucun vrai voyageur ne s’est arrêté depuis longtemps… De terribles épreuves attendent la jeune fille avant qu’elle ne trouve le salut en même temps que l’amour.
Dans la grande tradition romantique des sœurs Brontë, la romancière anglaise, auteur de Rebecca, nous entraîne avec un sens prodigieux de l’ambiance et de l’intrigue au cœur d’un pays de landes et de marais battu par les tempêtes, où subsiste la sauvagerie ancestrale des pirates et des naufrageurs.
Mon ressenti
Un roman très sombre
Dès le début du roman, Daphné du Maurier nous plonge dans un univers très sombre, très noir. En effet, Mary veille sur sa mère mourante qui lui fait promettre de rejoindre sa tante, afin qu’elle ne se retrouve pas seule. Celle-ci tient alors sa promesse et part vivre à l’auberge de la Jamaïque, un lieu morne, morose où vivent sa tante et son mari, Joss. Cet homme est le pire des maris qui puissent exister. Ivrogne, violent, machiste, il n’a aucun respect pour son épouse, ni pour aucune femme.
Dans une Cornouaille profonde, où il ne cesse de pleuvoir, les descriptions n’aident pas à éclaircir l’horizon. Territoire désert et hostile, l’atmosphère y est mystérieuse. Que fait donc Joss la nuit ? Pourquoi des hommes viennent-ils en pleine nuit ? Pourquoi l’auberge n’accueille-t-elle aucun voyageur et pourquoi a-t-elle si mauvaise réputation ? Dès le début du roman, l’ambiance est pesante et le lecteur peut ressentir le danger qui tourne autour de Mary et de l’auberge.
Enfin, autour de Mary, gravitent d’autres personnages. Sa tante, femme complètement soumise à son mari. Jem, le frère de Joss, qui semble le haÏr profondément. Voleur, il dérobera le coeur de Mary malgré elle. Sous ses airs de mauvais garçons, c’est certainement celui qui a le plus de coeur et d’empathie. Enfin, il y a le vicaire, avec qui Mary devient amie un jour où elle s’est perdue dans la Lande, en suivant Joss. Et il y a Mr Bassat, homme de loi qui cherche à faire tomber Joss et toute sa clique.
Le personnage de Mary
Mary , personnage principal, est un des rares personnages féminins. Il y a également sa tante mais celle-ci est effacée et semble n’avoir aucun caractère. Tout au long du roman, Mary est hésitante. Lorsqu’elle arrive près de l’auberge de la Jamaique, elle hésite à s’y rendre après avoit entendu qu’une jeune femme n’y trouverait pas sa place. Elle oscille constamment et a du mal à prendre des décisions.
Ainsi, lorsque Mr Bassat se rend à l’auberge en prétextant avoir un mandat l’autorisant à fouiller les lieux, elle ne sait pas si elle doit dénoncer son oncle. Ses actes illégaux la mettent très mal à l’aise, mais elle souhaite également protéger sa tante. Les décisions de Marie sont difficiles à comprendre, elles ne sont pas forcément logiques. Sa tante, qui est soumise et battue par son mari, serait bien mieux si son mari croupissait en prison. Mais Mary semble en douter même si elle voit sa tante sans cesse se morfondre.
Alors qu’elle a des accès de bravoure et de courage, parfois ses décisions sont incompréhensibles. Elle ose répondre à son oncle. Elle le suit dans la lande, se perd, elle se retrouve dans des situations inconfortables. Et pourtant, elle s’en sort toujours haut la main grâce à son courage et sa hardiesse. Et quand il s’agit de dénoncer les actes malveillants de son oncle, la couardise semble prendre le dessus.
La place des femmes
Dans l’Auberge de la JamaÏque, Daphné du Maurier nous présente une critique de la condition féminine de son époque. Le roman se déroule à une époque où la femme n’a sa place que dans sa cuisine. Elle ne doit pas se méler des affaires des hommes, encore moins de celles de son mari. Ainsi, elle doit le respect à son époux même si ce respect n’est pas réciproque. Elle doit supporter l’ivresse et la violence des hommes.
« Elle connut une fois de plus l’humiliation d’être une femme quand, brisée moralement et physiquement, son état fut admis comme une chose naturelle. »
Si Mary était un homme, on la traiterait avec rudesse, tout au moins avec indifférence ; on l’obligerait à se rendre tout de suite à Bodmin pour servir de témoin ; elle devrait s’occuper elle-même de son logement […] Mais elle était là, les larmes prêtes à couler, ayant la migraine ; on l’éloignait en hâte du lieu du crime […] elle n’était qu’un élément d’encombrement et de retard, comme toutes les femmes et les enfants après une tragédie. »
A la fin du roman, alors que Mary aspirait à repartir vivre dans sa ferme, elle se laisse embarquer par l’homme dont elle s’est amourachée. Décision d’autant plus surprenante qu’elle se demande à plusieurs reprises comment sa tante a pu épouser un homme aussi rustre que Joss. Et voici comment cet homme la convainc de le suivre.
Quand vous serez une vieille demoiselle, à Helford, et que vous porterez des mitaines, vous vous souviendrez de moi, et vous aurez à faire durer ce souvenir jusqu’à la fin de vos jours. « Il volait des chevaux, vous direz-vous, et il se moquait bien des femmes; et, sans ma fierté, je serais maintenant près de lui. »
Roman bien trop sombre à mon goût, cette lecture ne restera pas gravée dans ma mémoire.
Mes challenges
Cette lecture m’a été proposée dans le cadre du challenge littéraire de janvier proposé par Cindy sur le groupe La tête dans les livres.
Elle m’a permis de valider la catégorie 60 du challenge annuel. Lire un livre édité avant 1983.
[…] Lire l’article complet […]
Daphné du Maurier n’a jamais été ma tasse de thé non plus.
Je reconnais que ça ne me donne pas envie de découvrir les autres titres de Daphné du Maurier.
J’ai beaucoup aimé ainsi que « Rebecca » et bien d’autres…
[…] romanciers, dont Daphné du Maurier, dont on retrouve de nombreuses descriptions dans L’auberge de la Jamaïque. Mais dans ce roman, point de descriptions. On va à l’essentiel et c’est bien dommage. […]