Un pied au paradis _ Ron Rash

un pied au paradis

Résumé

Un pied au paradis

Oconee, comté rural des Appalaches du Sud, début des années 1950. Une ancienne terre cherokee, en passe d’être à jamais enlevée à ses habitants : la compagnie d’électricité Carolina Power rachète peu à peu tous les terrains de la vallée afin de construire une retenue d’eau, immense lac qui va recouvrir fermes et champs. Holland Winchester est mort, sa mère en est sûre, qui ne l’a pas vu revenir à midi, mais a entendu le coup de feu chez le voisin. Ce drame de la jalousie et de la vengeance, noir et intense, prend la forme d’un récit à cinq voix : le shérif Alexander, le voisin, sa femme, leur fils et l’adjoint.

Mon ressenti

Vous avez dit un policier ?

Un homme, Holland Winchester, a disparu. Sa mère en est persuadée, il a été tué. Et elle connaît le coupable. C’est Billy Holcombe, leur voisin. Sa femme aurait entretenu une liaison avec son fils et le mari se serait vengé. Commence alors l’enquête du Shérif Alexander. Il va tout d’abord chercher le cadavre du disparu, en vain. Il va interroger le voisinage, notamment Billy, le suspect principal. Mais sans cadavre, pas de meurtre.

Ainsi commence Un pied au paradis. Et alors qu’on s’imagine suivre l’enquête du shérif, persuadé lui aussi de la culpabilité de Billy, l’auteur nous offre la solution sur un plateau. Le livre est découpé en cinq parties. Cinq protagonistes vont nous dérouler le fil de l’histoire. Dès la deuxième partie, on connaît déjà la vérité et le roman va surtout consister comprendre ce qui a poussé Billy à faire disparaître Holland.

C’est assez déstabilisant et décevant car le roman est vraiment considéré par l’éditeur comme un policier. On s’attend vraiment à suivre une enquête qui n’en est pas vraiment une. Même si le livre se lit très bien et est assez prenant, l’éditeur, selon moi, n’aurait pas dû le classer dans les polars. C’est vraiment ce qui a pu me fruster dans ma lecture même si j’ai passé un bon moment.

Un roman choral

Un pied au paradis est typiquement ce qu’on appelle un roman choral, dans lequel la même histoire est racontée par plusieurs voix différentes.

Nous commençons donc par le shérif, qui va mener sa petite enquête, en vain. Ensuite, Amy, la femme de Billy, va nous narrer sa vie. Sa vie avec Billy, ses difficultés pour donner la vie et ses vaines tentatives auprès d’une rebouteuse locale. Et sa dernière tentative, celle qui lui permettra d’obtenir ce qu’elle a toujours désiré : un enfant. La troisième partie nous est contée par Billy lui-même. Nous comprenons l’amour qu’il porte à sa femme. Nous comprenons sa jalousie, son désir vain de devenir père lui aussi. L’avant-dernière partie nous amène une vingtaine d’années plus tard, avec Isaac le fils d’Amy et de Billy qui finit par comprendre la vérité concernant ses parents. Et enfin, le dernier chapitre est consacré à l’adjoint du shérif.

Ce qui est difficile pour un auteur, dans un roman choral, c’est d’éviter les effets de répétition. Bien souvent, le lecteur se retrouve à relire plusieurs fois le même épisode, certes avec un oeil différent, mais bien souvent similaire dans les faits. Ici, ce n’est pas le cas. Ron Rash a réussi à nous proposer cinq regards différents sur le même événements sans pour autant que le lecteur ait une sensation de redite.

Au coeur de l’Amérique profonde

Dans Un pied au Paradis, le lecteur voyage au coeur de l’Amérique, dans un comté des Appalaches : Oconee. Les descriptions des paysages, les mentalités, les personnages, les croyances. Nous avons réellement l’impresson d’y être. Avec pour décor central le futur lac de Jocassee. Lac artificiel crée en 1973 sur un territoire anciennement peuplé par des tribus cherokees.

Descriptions majestueuses des Appalaches, de la rivière et de la vallée qui laissera sa place au lac. Ron Rash nous présente des personnages en majorité agriculteurs. Langage paysan, superstitions et croyances rurales, les protagonistes ne sont pas forcément montrés sous leur meilleur jour. Pourtant on s’attache à eux, à Amy et Billy notamment. Alors qu’ils sont chacun coupables à leur façon, on ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine mansuétude à leur égard.

La veuve, la rebouteuse locale, est aussi assez représentative des superstitions qui existaient à une certaine époque dans certains coins reculés d’Amérique (et peut-être existent-elles toujours). Plantes médicinales, conseils de procréation selon la lune, à certaines heures bien précises et dans les champs. Les conseils prodigués par la vieille peuvent nous faire sourire.

Il est bien dommage que ce roman soit considéré comme un policier alors que ça n’en est clairement pas un. Point d’enquête ni même de suspens. En revanche, c’est un livre qui vaut le détour, extrèmement bien écrit et dont l’histoire ne pourra pas vous laisser insensible.

Note : 3.5 sur 5.

Mes challenges

Cette lecture m’a été offerte par Linda du groupe La tête dans les livres. Je l’ai gagné lors d’un concours effectué sur le groupe.

Elle m’a permis de valider la catégorie 65 du challenge annuel. Lire un livre surprise.

Elle m’a également permis de valider la catégorie « roman où un personnage voyage » du challenge de février.

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