la femme parfaite

Résumé

« Ma chérie, il faut que je t’explique quelque chose », dit-il en prenant sa main. « Ce n’était pas un rêve. C’était un téléchargement. »
Lorsqu’Abbie se réveille à l’hôpital, elle ne se souvient de rien. L’homme à son chevet prétend qu’il est son mari. Il est un géant de la tech, le fondateur d’une des startups les plus innovantes de la Silicon Valley. Il lui dit qu’elle est une artiste talentueuse, la mère dévouée de leur jeune fils – et la femme parfaite.
Cinq ans plus tôt, elle aurait eu un grave accident. Son retour à la vie serait un miracle de la science, une révolution technologique dans le domaine de l’intelligence artificielle pour laquelle il a sacrifié dix ans de sa vie.
Mais alors qu’Abbie se souvient petit à petit de son mariage, elle commence à remettre en question les motivations de son mari, et sa version des événements. Doit-elle le croire quand il affirme qu’il veut qu’ils restent ensemble pour toujours ? Et que lui est-il vraiment arrivé cinq ans plus tôt ?

Mon ressenti

Un roman surprenant

Dès les premières pages, le lecteur comprend qu’Abbie n’est pas humaine. Tim, son « mari » a développé durant les cinq dernières années une intelligence artificielle dotée de sentiments, capable d’empathie envers autrui.

Le narrateur s’adresse directement au lecteur, en le tutoyant. Ainsi, nous prenons la place de cette IA. Je ne vais pas vous cacher qu’au premier abord, c’est très étrange de se retrouver à lire un livre écrit en « tu ». C’est peu habituel et il faut quelques chapitres pour s’y faire. L’auteur a souhaité que ses lecteurs puissent ressentir les sentiments de cette IA. Car étant donné qu’elle est capable d’empathie pour les autres, il est nécessaire que le lecteur, lui aussi, éprouve de la compassion envers ce cobot (compagnon robot).

Nous avons donc affaire à un thriller de science-fiction. Il est arrivé un accident à la véritable Abbie cinq ans auparavant et le cobot va se retrouver à chercher ce qui a bien pu lui arriver et ce qu’elle est devenue. Mais à l’heure des nouvelles technologies, elle sera espionnée par son mari lui-même (son propre créateur) et devra déjouer les pièges qui lui seront tendus.

De temps en temps, certains chapitres nous sont narrés différemment. Des personnes travaillant au sein de la société high-tech de Tim nous expliquent la rencontre entre ce dernier et Abbie. Nous découvrons ainsi des zones d’ombre dans leur couple, notamment concernant le rapport autoritaire qu’exerçait Tim sur sa femme et ses employés.

L’autisme

Nous faisons également la connaissance de Danny, le fils de Tim et Abbie atteint d’une forme d’autisme survenant après un développement normal. L’enfant connaît soudainement une régression dans la parole et dans son mode de communication.

Nous apprenons à la fin du roman que l’auteur a lui-même un fils autiste pour lequel ils ont tenté avec sa femme différentes thérapies. Certaines d’entre elles sont évoquées dans le roman, dont la méthode aba et la méthode aversive. Cette dernière, très controversée, consiste à punir l comportement inadapté de l’enfant avec des petits chocs électriques. Ainsi, ses parents l’ont confié à une structure utilisant cette méthode, ce qui créera de fortes émotions à Abbie, le cobot.

Dans sa description de l’enfant, le lecteur ressent énormément d’empathie envers ce garçon différent, mais également de la compassion pour ces parents perdus, prêts à tout pour aider leur enfant.

La psychologie

Ce roman, malgré son côté futuriste, s’attarde essentiellement sur la psychologie des personnages. Non seulement, la psychologie des personnages humains, mais aussi de celles des humanoïdes. Ainsi, l’auteur a cherché de quelle manière un robot doté de sentiments pourrait se construire psychologiquement. Et je dois avouer que c’est plutôt réussi. En tant que lecteur, il arrive qu’on en oublie que le cobot n’est pas humaine mais l’auteur est là pour nous le rappeler (les prises usb à la hanche, les « clics » qui déclenchent les souvenirs, la surconnexion du cobot (capteur gps, wifi, routeur etc).

Du côté des humains, on se focalise surtout sur Tim. On découvre qu’il est atteint du syndrôme de Galatée. Tim rêve de la femme parfaite, celle qui serait toujours à son écoute, celle qui ne ferait jamais aucune erreur. Or, un être humain n’est pas parfait et sa femme s’est avéré avoir des défauts. Lorsqu’il élabore le cobot qui la remplacera il fera en sorte que celle-ci soit parfaite à ses yeux. Tel Pygmalion qui tombe amoureux de sa création, la statue Galatée.

On découvre pourtant que de son côté Tim est loin d’être parfait. Mari volage, imbus de sa personne, très autoritaire et possessif. L’auteur laisse bien entrevoir le caractère malsain de vouloir recréer un être « virtuel ». La question de l’éthique est ainsi maintes fois posée. En effet, Tim sera poursuivi en justice par la famille d’Abbie. Et à l’aube d’une avancée technologique probable, la question éthique se pose. Peut-on recréer une personne, avec son caractère, ses sentiments, ses souvenirs sans que cela ne pose problème ?

C’est un roman original que nous propose ici J-P Delaney. J’ai littéralement dévoré ce roman, curieuse de savoir jusqu’où pourrait aller le cobot dans sa quête de retrouver Abbie. Je suis malgré tout un peu déçue par la fin, plutôt brouillon que j’ai dû relire deux fois afin de bien la comprendre. Ca n’en reste pas moins un très bon livre.

Note : 3.5 sur 5.

Mes challenges

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie 5 du challenge annuel, Lire un auteur qui utilise un pseudonyme (Anthony Capella de son vrai nom).

Merci à NetGalley et aux éditions Fayard Mazarine pour cette lecture.

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