Fractures _ Franck Thilliez

Alice sait que quelque chose ne tourne pas rond dans sa tête et les événements étranges qui se multiplient autour d’elle ne vont rien arranger : cette photo récente de sa sœur jumelle, pourtant morte dix ans auparavant, qu’elle récupère des mains d’un immigré clandestin ; son père, agressé chez lui à l’arme blanche, et qui prétend avoir tenté de se suicider ; ce chemisier ensanglanté qu’elle découvre dans sa douche et dont elle n’a pas le moindre souvenir.
Alice vient de prendre un aller simple vers la folie…

J’ai refermé Fractures avec la sensation étrange d’avoir plongé dans un labyrinthe mental dont je ne suis pas sortie indemne. Dès les premières pages, Franck Thilliez pose les bases d’un récit dense et dérangeant. On suit Alice, une jeune femme en psychothérapie, en proie à des pertes de mémoire inquiétantes. Lors d’une séance particulièrement éprouvante, elle fuit l’hôpital, déclenchant une série d’événements aussi troublants que violents. Autour d’elle gravitent des figures énigmatiques : un père marqué à vie par un drame au Liban, une sœur jumelle que l’on croyait morte, un psychiatre borderline et une assistante sociale qui n’a pas froid aux yeux. À mesure que les pièces du puzzle s’assemblent, la réalité se fissure et le titre prend tout son sens.

Côté personnages, j’ai trouvé Alice fascinante. Sa vulnérabilité et ses zones d’ombre m’ont vraiment fascinée. J’ai aussi beaucoup aimé la complexité de Luc Graham, ce psychiatre aux méthodes douteuses et le trouble qu’il suscite chez Julie, l’assistante sociale. On est loin des figures classiques du bien et du mal. Le père d’Alice, Claude Dehaene, est peut-être le personnage le plus glaçant : rongé par un traumatisme ancien, il incarne les dégâts que la guerre inflige bien au-delà du champ de bataille. Ce qui m’a marquée, c’est la manière dont tous ces destins s’imbriquent, souvent dans la douleur, mais sans jamais sombrer dans le pathos.

Thilliez ne fait aucune concession. Son écriture est précise, tendue, sans temps mort. Il explore les pathologies mentales avec une rigueur presque clinique, comme bien souvent. Ce roman est un vrai thriller psychologique, où la tension monte par vagues successives. J’ai parfois été un peu perdue au début, avec les flashbacks, les points de vue multiples, mais j’ai fini par me laisser happer. Le thème des personnalités multiples, en particulier, m’a vraiment fascinée. C’est dur, c’est sombre, c’est parfois dérangeant, mais c’est efficace.

Fractures est un roman qui secoue, qui questionne, qui dérange et qu’on n’oublie pas de sitôt.
Et vous, seriez-vous prêts à descendre dans les méandres de l’esprit humain ?

Note : 4 sur 5.

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Cette lecture m’a permis de valider la catégorie du challenge mensuel. Quatrième avec le mot MAIN.

1 commentaire

  1. Je suis Thilliez, mais je ne pense pas avoir lu celui-ci et je suis prêt à descendre dans les méandres de l’esprit humain !

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