Fort Alamo _ Fabrice Caro

Devant la caisse du supermarché, Cyril maudit en silence le type qui l’a doublé l’air de rien. Quelques minutes plus tard, le resquilleur s’effondre sur le carrelage, foudroyé. Pour Cyril, père de famille sans histoires, c’est le début d’une série de faits similaires qui le plongent dans une angoisse existentielle. Ou est-ce plutôt la disparition récente de sa mère, la nécessité de vider la maison de son enfance ? À moins que ce ne soit Noël qui approche, les cadeaux à trouver, le repas chez la belle-sœur…

Il vous est déjà peut-être arrivé de vouloir faire disparaître quelqu’un d’un simple regard. Un type qui vous grille à la caisse, un conducteur impatient ou un voisin un peu trop bruyant… Bien sûr, ça reste de l’ordre du fantasme. Sauf pour Cyril, le héros de Fort Alamo. Prof sans histoire, discret à en devenir transparent, Cyril se découvre un étrange pouvoir : les gens qui l’énervent… meurent. Et ce détail va bouleverser sa vie bien ordinaire.

L’intrigue part d’un postulat absurde, comme souvent chez Fabrice Caro. Et ça fonctionne. J’ai adoré ce mélange de quotidien et de fantastique léger, où l’auteur joue à fond la carte de l’humour noir. À travers la voix de Cyril, on explore ainsi un monde rempli de mesquineries ordinaires : vider la maison de sa mère récemment décédée, survivre à une belle-sœur autoritaire, supporter l’approche de Noël. Et au milieu de tout ça, des gens tombent comme des mouches. De simples coïncidences ? Peut-être. Mais quand la liste s’allonge, Cyril commence à douter.

Ce que j’aime chez Fabrice Caro, c’est cette façon bien à lui de pointer nos petits travers avec une ironie douce. Jamais méchant, jamais moralisateur. Il observe, il note, il exagère juste ce qu’il faut pour faire rire ou sourire jaune. Fort Alamo ne fait pas exception. Le roman est court, efficace, drôle, et parfois même touchant. J’ai ressenti une vraie tendresse pour ce personnage un peu paumé, dépassé par son propre pouvoir et par la vie en général. Alors oui, la fin m’a paru un peu trop facile, presque bâclée, et j’aurais aimé que l’auteur pousse encore un peu plus loin l’absurde. Mais malgré ça, j’ai passé un très bon moment.

J’avais adoré le roman qui m’a fait découvrir Fabrice Caro. Et ce deuxième me conforte donc dans l’idée que cet auteur a un réel talent pour nous faire rire ! Je vous le conseille si vous souhaitez passer un moment de lecture agréable et drôle.

Note : 5 sur 5.

Et si le simple fait d’être agacé devenait (littéralement) mortel, que feriez-vous ?

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Cette lecture m’a permis de valider la catégorie du challenge mensuel. Personnage endeuillé.

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