Résumé
Chez Guillaume Meurice, la médiocrité, ça remonte à loin. Dès l’école, il considère 10/20 comme la note parfaite, le « juste ce qu’il faut » qui a la poésie et la fragilité d’une barre effleurée par un sauteur en hauteur.
Depuis, il s’est rendu compte qu’il n’y a rien de plus émancipateur que la médiocrité : elle permet de faire ce qui vous plaît, pour le simple plaisir de le faire, pour la beauté du geste. Elle est un refus de la hiérarchie et un pied-de-nez à la quête de la performance.
Avec ce Petit éloge de la médiocrité, Guillaume Meurice n’a jamais si bien maîtrisé son sujet.
Mon ressenti
Aux yeux de Guillaume Meurice, nous sommes tous médiocres, et c’est très bien ainsi. À travers son propre exemple (notamment un mail d’insulte reçu d’un auditeur de France Inter), l’auteur nous invite à embrasser cette condition qui n’a rien d’infamant. Il écorne aussi quelques figures supposément d’exception, nous rappelant que même les plus grands ont pataugé avant de réussir. Et que, parfois, leur réussite tient plus à des circonstances qu’à un talent hors norme.
L’essai est un anti-manuel de développement personnel doublé d’un léger pamphlet. Sur près de 200 pages, Meurice déconstruit l’obsession de la performance et de la réussite à tout prix. Pourquoi faut-il être le premier ? Pourquoi accorde-t-on tant d’importance aux notes, aux classements, aux étoiles sur les plateformes ? Il passe en revue tout ce qui nous pousse à nous comparer sans cesse : le travail, la consommation, la politique, les réseaux sociaux… et démonte, avec une ironie mordante, l’idée que nous sommes entièrement responsables de notre destin. Même si j’ai un peu coincé sur la compétition sportive, puisque je la pratique, j’ai globalement été d’accord avec l’ensemble de son essai. Guillaume nous fait réfléchir, et assumer qu’être médiocre c’est pas si mal.
Guillaume Meurice est un humoriste, et ça se sent. Son style est vif, mordant, souvent drôle, parfois franchement caustique. On rit, on grince des dents, on acquiesce, et on se sent surtout un peu mieux en refermant ce livre. Car au-delà des punchlines, il y a une vraie réflexion. Il nous pousse à nous interroger sur ce que nous valorisons dans notre société, sur cette quête insensée du bonheur et de la performance qui finit par nous épuiser. C’est notre société dans son ensemble qu’il faudrait repenser, mais l’appât du gain (et tout ce qui tourne autour de l’argent) semble avoir encore de beaux jours devant lui.
Ce Petit éloge de la médiocrité est un grand bol d’air frais. Il nous invite à lâcher prise et à accepter notre condition de simples mortels ordinaires. Et si être médiocre, c’était en fait une forme de sagesse ?
Je ne peux que mettre une note de 2.5 étoiles. Le juste milieu, le summum de la médiocrité. Evidemment, cet essai sera perçu négativement par ceux qui ne jurent que par l’excellence. Et, au contraire, sera ressenti comme génialissime par ceux qui souhaitent voir une société différente de celle dans laquelle nous vivons.
Mes challenges
Il est assez ironique d’imaginer que ce titre ait pu me permettre de valider un challenge littéraire. Mais, ces challenges, je ne les fais que pour moi, et non pas dans le but de me confronter aux autres. Ce n’est donc pas de la compétition.
Cette lecture m’a donc permis de valider la catégorie du challenge mensuel. Quatrième avec le mot RADIO.
Pour l’occasion, j’ai d’ailleurs choisi une photo médiocre. Nul besoin de prendre 100 photos pour n’en sélectionner qu’une et lui appliquer des filtres.