Elle a la vie dont elle rêvait  : une belle maison, deux enfants, l’homme idéal. Après quinze ans de vie commune, elle ne se lasse pas de dire  : « Mon mari  ! » Pourtant elle veut plus encore  : qu’ils s’aiment comme au premier jour. Alors elle s’impose une discipline de fer pour entretenir la flamme. Elle l’observe, note ses fautes, tend des pièges, le punit en conséquence. Elle est follement amoureuse de lui. Jusqu’au jour où, évidemment, elle va trop loin…

Dès les premières pages, j’ai été happée par l’histoire de cette femme follement amoureuse de son mari. Pourtant, très vite, nous comprenons que cet amour est malsain, et qu’il cache une faille. Cette passion pour son mari vire alors à l’obsession. Chaque geste, chaque regard de son mari est ainsi disséqué, analysé, interprété. J’ai senti une tension grandissante, presque oppressante, alors que cette dépendance affective envahit son quotidien. Les jours de la semaine, chacun teinté d’une couleur différente, rythment l’existence de notre narratrice dont nous ne connaîtrons jamais l’identité. J’ai été littéralement emportée par cette plongée dans une folie douce. L’épilogue, surprenant et grinçant, m’a vraiment transcendée. Inattendu, ce retournement de situation vient réinterroger la totalité du roman. Faudrait-il alors une deuxième lecture pour voir ce qui s’y cache ?

J’ai été fascinée par cette narratrice dont l’amour pour son mari est proche de la paranoïa. Derrière son apparence de femme parfaite, organisée à l’extrême, se cache une profonde insécurité qui la pousse à tout contrôler. La manière dont elle analyse le moindre mot, le moindre geste, montre une vulnérabilité touchante, mais aussi un besoin de maîtrise glaçant. Elle m’a fait penser à la Desperate Housewife Bree Van De Kampf. Les enfants, relégués au second plan, en font une femme à laquelle on a tout de même du mal à s’attacher. Comment peut-elle ne pas les aimer ? Les voir comme un obstacle à son amour pour son mari ? D’ailleurs, ce mari est intriguant. Il reste de marbre face aux actes de sa femme. Comment ne peut-il pas se rebeller face à cette épouse étouffante ?

Maud Ventura signe un premier roman à la plume acérée et subtile. Son écriture est à la fois drôle et cruelle. J’ai adoré son style incisif. Le découpage en jours de la semaine, associé à des couleurs spécifiques, accentue le côté obsessionnel du personnage. C’est un roman qui m’a totalement captivée. L’épilogue m’a d’ailleurs donné envie de lire un roman parallèle dont le narrateur serait le fameux mari.

Mon mari est un roman aussi fascinant qu’inquiétant. Maud Ventura explore avec finesse les frontières entre passion et folie. Jusqu’où êtes-vous donc prêt à aller par amour ?

Note : 5 sur 5.

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie du challenge mensuel. Livre avec 30 chapitres ou moins.

J’ai lu ce roman dans le cadre du Club de Lecture La tête dans les livres.

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