Où vont les larmes quand elles sèchent ?

Jean a trente-six ans. Il fume trop, mâche des chewing-gums à la menthe et fait ses visites de médecin de famille à vélo. Il a supprimé son numéro de portable sur ses ordonnances. Son cabinet médical n’a plus de site Internet. Il a trop de patients : jusqu’au soir, ils débordent de la salle d’attente, dans le couloir, sur le patio.
Tous les jours, Jean entend des histoires. Parfois il les lit directement sur le corps des malades. Il lui arrive de se mettre en colère. Mais il ne pleure jamais. Ses larmes sont coincées dans sa gorge. Il ne sait plus comment pleurer depuis cette nuit où il lui a manqué six minutes.

Où vont les larmes quand elles sèchent nous plonge dans le quotidien de Jean, un médecin généraliste d’une petite ville. Ses journées sont rythmées par les consultations variées et souvent émouvantes de ses patients. Le roman débute avec un Jean incapable de pleurer depuis la mort tragique d’un jeune patient. Cet événement marquant sert ainsi de toile de fond à une série d’anecdotes médicales. À travers un long monologue, Jean partage alors ses expériences, ses émotions et ses réflexions sur le système de santé actuel. Ce récit, à la fois intime et universel, aborde des thèmes comme le manque de moyens dans le secteur médical, la solitude des personnes âgées, la violence conjugale et bien d’autres maux de notre société, le tout agrémenté d’une touche d’humour et d’humanité.

Les personnages du roman sont principalement les patients de Jean. À travers Jean, qui est en réalité un alter ego de l’auteur, nous découvrons une galerie de portraits touchants. Des patients malades, mourants, mais aussi secourables et charitables. Jean, profondément empathique et dévoué, est le fil conducteur de ces récits. Les personnages comme Alvaro et Josette, ou encore Mme Chahid deviennent des figures attachantes pour le lecteur. Baptiste Beaulieu, en créant ces personnages, nous fait ainsi ressentir la diversité et la complexité des vies humaines qu’un médecin peut rencontrer.

L’écriture de Baptiste Beaulieu est fluide et profondément émouvante. Il parvient en effet à captiver le lecteur avec un style littéraire vivant et léger, proche de la langue parlée. Les anecdotes sont présentées comme des chroniques. L’auteur utilise ainsi son expérience professionnelle pour apporter un témoignage authentique et bouleversant sur le monde médical. Il allie ainsi humour, tendresse et compassion dans un équilibre parfait, rendant chaque page riche en émotions. Enfin, l’interprétation de Thomas Marceul en version audio ajoute une dimension supplémentaire, avec une diction dynamique et expressive qui sert admirablement bien le texte.

Si, comme moi, vous suivez Baptiste Beaulieu sur les réseaux sociaux, certaines anecdotes du livre pourront alors sembler redondantes puisqu’il y reprend des histoires déjà partagées en ligne. Toutefois, cela n’enlève rien à la qualité de l’œuvre, qui reste un témoignage sincère sur la vie d’un médecin de campagne et les réalités du système de santé français.

Où vont les larmes quand elles sèchent est un roman qui, malgré sa simplicité apparente, offre une réflexion sur notre société et notre humanité, tout en nous faisant passer du sourire aux larmes.

Note : 4 sur 5.

Un grand merci à Audiolib et Netgalley pour ce Service de Presse audio.

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie du challenge mensuel. Personnage veuf.

1 commentaire

  1. Je le lirai quand il sortira en poche…

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