Le portrait d’Humphrey Back _ Bénédicte Rousset

Grâce au prêt d’un riche collectionneur, les œuvres de celui qu’on surnomme le « Saint », peintre anonyme et mondialement connu, sont exposées dans la ville où réside Naïs. Elle se précipite alors au musée et s’offre alors à son regard le portrait d’Humphrey Back, huile sur toile. À la voir ainsi subjuguée, le collectionneur lui offre la toile, d’une immense valeur. Comment convaincre son mari de ne pas la vendre ? Et quand la toile est volée, qui soupçonner ? Le tableau renferme trop mystères qu’il va bien falloir percer ; Naïs entreprend de démasquer le peintre. Mais son passé va la rattraper…

Lorsque Naïs se voit offrir le portrait d’Humphrey Back, d’une valeur inestimable, sa vie change du jour au lendemain. Ce tableau, elle le connait par cœur. Elle en connaît les moindres détails. Il la subjugue. Elle a comme l’impression que c’est une partie d’elle-même. Qu’il lui parle en quelque sorte. En revanche, son mari, qui dilapide l’argent qu’ils n’ont pas, ne comprend pas que Naïs ne souhaite pas le vendre. Sa mère non plus. Son père a tant besoin d’argent pour l’opération de son genou, lui dit-elle. Quelle égoïste elle fait à vouloir garder son tableau sans en faire profiter qui que ce soit ! Aussi, lorsque son tableau disparait du jour au lendemain, elle soupçonne de suite son mari qu’elle a fini par quitter. Mais sans crier gare, le tableau resurgit. Cependant, Naïs a comme le sentiment qu’il a changé. Et si c’était le peintre lui-même qui l’avait modifié ?

Ce court roman est une véritable déclaration d’amour à l’art et à la peinture plus particulièrement. Naïs a une relation toute particulière avec ce tableau qu’elle a reçu. La plume de l’autrice accapare le lecteur qui se sent peu à peu, lui aussi, subjugué par cette œuvre. Et on en vient à trembler avec elle lorsque son tableau vient à disparaître. C’est une partie d’elle-même qui disparaît à ce moment là. Et nous, lecteurs, devenons alors acteurs du roman. Nous cherchons, nous nous interrogeons avec Naïs. Et c’est lorsque le lecteur est ainsi embarqué qu’un roman est réussi.

Ce que j’ai apprécié dans ce roman, avant tout, c’est le rapport de Naïs avec cette œuvre qu’elle aime tant sans savoir pourquoi. Cet attachement, nous l’apprendrons à la toute fin, n’est pas fortuit. Il y a une raison, et même si celle-ci peut sembler peu crédible, je m’en suis délectée. Ce fut vraiment un rebondissement auquel je ne m’attendais pas. J’ai également apprécié le lien qu’il y a entre l’artiste, éternel insatisfait, et son œuvre qu’il a besoin de faire évoluer au gré de ses sentiments. Tel l’artiste Pierre Bonnard qui ne pouvait s’empêcher d’aller retoucher ses peintures au sein même des musées où il exposait ses œuvres.

L’écriture de Bénédicte Rousset est indéniablement addictive. Fluide et rythmée, le lecteur tourne les pages sans même s’en rendre compte. La même intrigue aurait pu être totalement insipide si elle avait été écrite autrement. Mon seul regret réside cependant dans les personnages de Philou et d’Irène, le mari et la collègue de Naïs. Je les ai trouvés un poil trop stéréotypés. En revanche, j’ai vraiment apprécié la fin du roman, lorsque nous découvrons l’identité de l’artiste et le lien qu’il a avec notre protagoniste.

J’ai passé un excellent moment aux côtés de Naïs et du portrait d’Humphrey Back. Une écriture rythmée, une intrigue originale, tous les ingrédients pour en faire un très bon roman.

Un grand merci aux Editions La Trace pour l’envoi de Service de Presse.

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie du challenge annuel Vivre Livres. Livre d’une édition peu connue (La trace).

1 commentaire

  1. Je ne connais pas, mais tu en parles bien, alors pourquoi pas? Un jour…

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