Résumé
Dès les premières lignes, Je suis fan nous plonge dans une histoire d’obsession amoureuse intense et dérangeante. La jeune narratrice, qui n’a pas froid aux yeux, entame une veille frénétique et un sombre jeu de piste pour saisir chaque détail de l’existence de sa magnifique rivale. Cette dernière est une adepte d’Instagram, où elle poste chaque jour des aperçus de sa vie parfaite. Tout y respire le bon goût et l’opulence : de quoi attiser la jalousie de notre narratrice, de plus en plus accro à ces clichés virtuels si éloignés de sa vie modeste. La dégringolade s’annonce ; quant au séducteur qu’elles ont en commun, il semble vouloir prendre ses distances. Mais encore faut-il réussir à regarder la réalité en face.
Mon ressenti
Je suis fan est un roman qui m’a mise mal à l’aise. La narratrice, dont on ne connaîtra jamais le nom, nous entraîne dans les méandres d’une obsession amoureuse, destructrice et glaçante. Elle a un compagnon, mais c’est un autre homme qui occupe toutes ses pensées. Et avec lui, une autre femme : « celle qui m’obsède ». Une rivale idéalisée, sur laquelle elle scrolle compulsivement, jalouse de ses publications, de son luxe, de sa superficialité même. J’ai souvent voulu la secouer, cette narratrice, lui dire d’arrêter, de fuir. Et d’apprécier sa vie telle qu’elle est.
L’intrigue est éclatée. Pas de véritable chronologie, pas de grands rebondissements. Plutôt une succession de pensées, de fragments, comme les notes d’un journal intime livré brut. Et pourtant, je me suis prise au jeu. Il y a une tension sourde, un vertige constant, qui nous fait osciller entre voyeurisme et compassion. Ce n’est pas une histoire d’amour, c’est un cri. Un cri sur la solitude moderne, sur l’effet miroir toxique des réseaux sociaux, sur les récits auxquels on nous demande de coller pour « exister ». C’est dur, c’est grinçant, parfois répétitif, mais ça touche là où ça fait mal.
L’écriture de Sheena Patel est directe, sans filtre, presque clinique. Elle casse les codes, refuse toute narration classique, pour nous plonger dans un monologue intérieur fébrile, tendu, souvent dérangeant. Certaines formules frappent fort, d’autres tournent en rond, et l’ambiance peut devenir étouffante. Mais c’est aussi ce qui rend le roman si singulier. On en sort secoué, pas forcément conquis, mais indéniablement marqué. C’est une lecture qui ne laisse pas indifférent.
Je suis fan est un roman original sur le désir, l’envie, et le poids insidieux des images parfaites. Une lecture dérangeante, obsédante… qui ne plaira pas à tout le monde.
Un grand merci aux Editions Gallimard pour cette découverte.
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