Mon coeur a déménagé _ Michel Bussi

« Papa a tué maman. » Rouen, avril 1983. Ophélie a – presque – tout vu, du haut de ses sept ans. Mais son père n’est pas le seul coupable. Un autre homme aurait pu sauver sa mère. Dès lors, Ophélie n’aura plus qu’un but : retrouver les témoins, rassembler les pièces du puzzle qui la mèneront jusqu’à la vérité. Et, patiemment, accomplir sa vengeance… Enfant placée en foyer, collégienne rebelle, étudiante évoluant sous une fausse identité, chaque étape de la vie d’Ophélie sera marquée par sa quête obsessionnelle et bouleversante.

Dès les premières pages, Michel Bussi nous plonge dans un drame familial. Ophélie, 7 ans, voit sa vie basculer lorsque son père est accusé d’avoir tué sa mère. L’histoire s’ouvre à Rouen, dans les années 80. Puis nous traversons les décennies en suivant le parcours obsessionnel de cette enfant, devenue adolescente puis adulte. Elle veut connaître la vérité et se venger. Ce roman choral est moins une enquête policière classique qu’un récit de résilience contrariée, tissé de souvenirs, d’illusions perdues et de silences. L’intrigue progresse alors avec le rythme fluide propre à Bussi : chapitres courts, changements de perspectives, rebondissements dosés… tout pour nous happer.

Au niveau des protagonistes, ce sont les personnages secondaires qui viennent éclairer la noirceur du sujet. Loin de sombrer dans le pathos, le roman laisse place à la lumière grâce à la présence constante de figures bienveillantes. Nina, amie d’enfance fidèle, ou Béné, éducatrice investie, apportent un équilibre à la colère sourde d’Ophélie. L’auteur développe avec finesse le contraste entre cette obsession de justice qui dévore Ophélie, et l’amour discret, le soutien, les petites mains qui tentent de la retenir du bord du gouffre. D’autres personnages comme Richard Vidame ou Antoine suscitent une ambivalence troublante, et c’est précisément ce qui donne de la profondeur au récit car le lecteur ne sait alors plus sur quel pied danser avec eux.

J’ai retrouvé la plume de Bussi, efficace et accessible. La construction en quatre temps était judicieuse : elle permet ainsi de mesurer l’impact du drame sur le long terme. Si certains ressorts m’ont paru un peu prévisibles, voire légèrement tirés par les cheveux, cela ne nuit pas au plaisir de lecture. L’auteur signe un roman sensible, engagé, et accessible, qui interroge autant qu’il divertit.

Mon cœur a déménagé est une belle réussite, à la fois sombre et pleine d’humanité. Et vous, croyez-vous qu’on puisse réellement se reconstruire quand tout s’est effondré ?

Note : 4 sur 5.

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