Veiller sur elle _ Jean-Baptiste Andrea

Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains. Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d’une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l’ombre d’un palais génois. Mais elle a trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne.
Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l’autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l’Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s’il doit perdre Viola ?

Je dois l’avouer, Veiller sur elle avait tout pour me séduire : l’Italie, un sculpteur de génie et une héroïne fantasque. Et tant de critiques positives, jusqu’à devenir lauréat du Goncourt 2023. Pourtant, ça n’a pas tant fonctionné que ça. Le personnage de Mimo, sculpteur prodige au passé tragique, aurait pu me captiver. Sa lutte pour se faire un nom, malgré son handicap et ses origines modestes, aurait dû susciter une réelle empathie. Cependant, son penchant pour l’alcool et son errance constante ont fini par me lasser. Quant à Viola, excentrique et en quête de liberté, elle reste un personnage intrigant. Mais j’aurais voulu qu’elle soit davantage explorée, que son rapport à la folie et à son émancipation soit plus profond. Malgré leur histoire d’amour platonique et magnétique, je ne me suis pas véritablement attachée à eux.

L’intrigue, bien qu’intéressante sur le papier, m’a laissée un goût d’inachevé. On voyage à travers l’Histoire italienne, des heures sombres du fascisme à la déchéance de Mimo, mais ces événements semblent rester en arrière-plan. Au lieu d’être immergée dans les événements, j’ai eu l’impression de survoler cette fresque historique. Les nombreux revirements, péripéties et rebondissements finissent par alourdir le récit plutôt que de lui donner du rythme. La tension dramatique s’épuise au fil des pages, et le souffle romanesque que j’attendais ne s’est pas vraiment manifesté.

Enfin, l’écriture de Jean-Baptiste Andrea est fluide. Les descriptions sont là, les dialogues s’enchaînent, mais j’ai eu du mal à ressentir de réelles émotions. Certaines phrases, pourtant belles, semblent se perdre dans un flot de détails. J’aurais préféré des moments plus contemplatifs, où j’aurais pu véritablement me délecter de la puissance des mots. À force de vouloir tout dire, tout montrer, l’auteur passe à côté de l’introspection que ce récit réclamait.

Veiller sur elle est un roman qui, malgré ses belles intentions et ses personnages singuliers, n’a pas su me toucher comme je l’espérais. Une lecture agréable, mais qui ne restera pas gravée dans ma mémoire.

Note : 2.5 sur 5.

Un grand merci à Netgalley et Les éditions de l’Iconoclaste pour cette lecture.

Mes challenges

Cette lecture m’a permis de valider la catégorie du challenge annuel La tête dans les livres. Titre avec le mot « elle ».

1 commentaire

  1. J’ai beaucoup aimé ce livre et pour une fois j’ai trouvé que le Goncourt était bien mérité…

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