Résumé
Si Victor Zolotarev adopte un pingouin au zoo de Kiev en faillite, c’est pour couler avec lui des jours paisibles. Mais nourrir deux personnes n’est pas une mince affaire pour un écrivain, dans un pays déboulonné. Heureusement, la providence, sous les traits affables d’un rédacteur en chef, apporte une solution étrange et alléchante : rédiger pour un grand quotidien des notices nécrologiques de personnalités encore en vie. Boulot tranquille et lucratif, jusqu’au jour où sa prose se met à avoir des effets inattendus… Un tableau impitoyable de l’ex-Union soviétique.
Mon ressenti
Quel drôle de roman ! Andreï Kourkov nous livre ici un roman de l’absurde. Comment peut-on, même en Ukraine, posséder un pingouin chez soi ? Comment cet animal pourrait-il bien survivre dans un appartement un minimum chauffé alors que son lieu de vie est l’Arctique (alors que le roman le situe en Antarctique, une erreur de traduction peut-être). On le sent bien, ce pingouin nommé Micha, est triste, voire malade. Il ne fait pas bon vivre loin de la banquise. Une fois ce décor planté, on ne s’attend pas à grand chose de plus si ce n’est à des événements encore plus absurdes. Aussi lorsque Victor est engagé pour écrire des nécrologies d’hommes encore vivants, rien ne nous étonne. Encore moins lorsque ces hommes commencent étrangement à disparaître les uns après les autres.
Mais c’est là que notre auteur est fort. Ces disparitions, ces morts n’ont rien d’absurde et nous plongeons alors dans le monde politique et complotiste de l’ex Union Soviétique dans lequel Victor est un pion qu’on avance au gré de ses envies sur un plateau. C’est un roman complètement décalé mais qui offre une critique de la société et de la mafia ukrainienne. Heureusement que quelques personnages viennent mettre un peu de couleur à ce récit assez terne. D’ailleurs, ce sont des personnages féminins qui redonnent un peu de peps à cet univers, tandis que les hommes semblent tous dépressifs et au bout du rouleau.
Mais le pingouin dans tout ça ? Car le roman porte son nom, tout de même ! Bah, il est là. Il prend des bains d’eau glacée dans la baignoire de Victor, il mange du poisson tout droit sorti du congélateur. Micha attend Victor quand il rentre du travail, mais ses yeux sont ternes comme ceux de Victor. Il est seul, comme Victor. Le pingouin semble être le reflet de son maître. Mais au final, il n’apporte rien à l’histoire si ce n’est une bonne dose d’originalité.
Enfin, le roman en lui-même est à l’image de Victor. Lent, morne, l’action se fait rare malgré les nombreux assassinats politiques. Certains passages sont d’une longueur sans fin et rendent ce roman plutôt ennuyeux.
Malgré une originalité qu’on ne peut nier, Le pingouin d’Andreï Kourkov s’avère plutôt décevant. Il existe une suite mais je ne la lirai sûrement pas.
Mes challenges
Ce roman m’a permis de valider la catégorie du challenge annuel. Lire un auteur ukrainien.
J’ai hésité à acheter ce livre, mais en te lisant, je suis bien content de ne pas l’avoir fait. Ça ne me plairait pas, c’est sûr !